A ski de Saint Moritz à Davos (photos Anouk Haeringer-Cholet)

Entre St Moritz et Davos, le massif de l'Albula, tout à l'est de la Suisse est pratiquement ignoré des skieurs de randonnée français. Je me souvenais avoir vu ce raid "peaux de phoques" dans le programme que proposaient Claude Rey et Jean Louis Georges, il y a plus de 20 ans. Ayant envie de proposer un itinéraire nouveau à un groupe de randonneurs ayant parcouru la plupart des raids classiques, j'ai repris ce chemin avec mon ami guide Louis Paul Chantelat entre le 5 et le 11 avril 2008, accompagnant un groupe de 12 personnes.

Le temps neigeux et venteux à souhait n'a pas été de notre côté. Ni l'armée suisse qui avait bouclé le passage sur Davos pour cause de campagne de tir !!! Néanmoins nous avons pu faire un itinéraire cohérent en finissant plein sud sur Suoz par le col de Villuoch.

Si quatre jours sont normalement nécessaires pour cette traversée , nous avons préféré la faire en 6 jours et rester deux nuits dans le premier refuge (Chamana Jenatsch) et deux nuits dans le dernier (Chamana Digl Kesch) pour faire des courses en aller-retour avec des sacs allégés.

Ce raid est séduisant de par son équilibre. A mi-chemin entre haute et moyenne montagne le chemin se fraye un passage entre des montagnes finalement assez rudes mais le troisième jour l'étape dans le village de Bergün (ou à Preda 5km au dessus) apporte une touche très touristique : nous sommes au coeur de la Suisse profonde et les maisons aux couleurs vives sont un enchantement. Si l'on y ajoute le train de l'Albula pass qui joint Preda à Bergün moyennant trois tours complets dans la montagne, nous avons là une synthèse parfaite du génie Suisse.

Côté technique, plusieurs sommets à 3400 m d'altitude sont possible (Piz Calderas, Piz Jenatsch, Piz Kesch), même si,  eut égard au temps, nous avons du nous contenter du Piz Calderas,. C'est un itinéraire très "skiant" avec de belles descentes chaque jour.

Pour monter à Chamana Kesch il est recommandé de prendre les remontées de Bergün. Elles offrent 700 m de très beau ski pour commencer cette journée. Celles-ci étant fermées nous sommes montés par la vallée. Mais tirant les skis derrière nous dans la partie plate, cette ascension de 1200 m a finalement été une formalité.
Notons quand même qu'il faut se méfier de l'échelle suisse des risques : par risque 3 nous avons vu 2 départs spontanés d'avalanches monstrueuses.  Il y a nettement un degré d'écart entre les échelles françaises et suisses.

Quant aux refuges il n'y a rien à redire. Si ce n'est qu'au delà du confort, nous avons apprécié l'accueil parfait dans les trois hébergements et notamment la disponibilité de Rudi, gardien de Digl Kesch qui a pris plus d'une heure et demi de son temps pour nous réparer méticuleusement une fixation. Son calme olympien pour nous dépanner force l'admiration quand on sait qu'il garde ce refuge depuis 40 ans. Chapeau.